Abd al-Hamid Kichk

.l'Imam Abdelhamid Ibn Abdelaziz Muhammad Kishk (1933-1996) était un
un grand savant Musulman et un orateur sans égal dans le monde Musulman.
Il est issue de la prestigieuse université Islamique de Al Azhar au
Caire.Le 6 décembre 1996, le savant et prédicateur Egyptien Cheikh Abdul
Hamid Kishk nous quitta à l'âge de 63 ans pour retourner à la
Miséricorde de Dieu. Célèbre dans tout le monde islamique, Cheikh Kishk
fut très apprécié pour l'ardeur de ses sermons du vendredi et ses
dénonciations fermes de toutes les formes d'injustice et d'oppression
dans le monde musulman. Les cassettes de ses sermons et de ses leçons
furent largement distribuées dans le monde musulman arabophone.
L'abondance de son savoir, son style unique dans la prédication, son
éloquence et la force que véhicule sa voix firent de lui un prédicateur
d'exception qui éduqua des générations. Dieu lui choisit une mort des
meilleures: son âme appaisée retourna à Allah alors qu'il était
prosterné, un vendredi, priant à l'occasion de Al-Isrâ' et Al-Mi'râdj
Sheikh `Abd Al-Hamîd Kishk naquit en 1933 en Égypte dans une famille
d’un niveau de vie très modeste. Son père était un petit commerçant de
la ville de Shabrakhît. Au cours de son enfance, à la fin du cycle
primaire, il perdit la vue. Il affirma avec beaucoup de foi que Dieu lui
ôta la vue et remplaça cette lumière par la lumière du Coran qui
illuminait son cœur.Sheikh Kishk commença tôt l’apprentissage du Saint
Coran dans sa ville. A l’âge de 8 ans, il avait appris tout le Coran par
cœur. Il partit à Alexandrie pour étudier dans la section primaire
d’Al-Azhar, dans l’institut des études religieuses.En 1952, le père de
Sheikh Kishk quitta le monde. À l’époque, le Sheikh était devenu un
prédicateur à l’issue du cycle primaire d’Al-Azhar. Il a tenté en vain
de soigner ses yeux pendant deux ans. Son frère aîné, qui avait beaucoup
d’ambitions pour lui, l’encouragea à partir pour Le Caire afin de
s’inscrire au cycle secondaire, ce qui lui ouvrirait la voie vers
l’enseignement supérieur d’Al-Azhar.Au Caire, la vie du Sheikh n’était
pas facile. Il avait toujours besoin d’une personne pour l’accompagner
jusqu’à l’institut d’Al-Azhar. De même, l’apprentissage et la révision
de ses cours n’étaient pas sans difficultés. Parfois il trouvait un ami
aimable pour lui lire quelques pages, mais d’autres fois, il levait les
mains au ciel priant Dieu pour lui envoyer une personne prête à lui
lire. A une époque, il devait compter sur un vendeur de légumes qui
avait l’amabilité de lui lire quotidiennement ses cours.La première
expérience du Sheikh avec le mimbar, la chaire de la mosquée, fut à
Shabrakhît alors qu'il n'était que de 16 ans, quand son oncle lui
demanda de prêcher dans l’une des mosquées de la ville. Lorsqu’il
s’inscrivit au cycle secondaire d’Al-Azhar, il fit la connaissance de
Sheikh Ahmad `Îsâ `Âshûr, le président d’une association religieuse,
Al-Jam`iyyah Ash-Shar`iyyah. Cette association a construit de nombreuses
mosquées en Égypte et recrutait des prédicateurs à des niveaux
différents de leurs études à Al-Azhar. Sheikh Ahmad `Âshûr encouragea
vivement Sheikh `Abd Al-Hamîd pour qu’il entreprenne une carrière de
prédicateur.Le prodigieux étudiant que fut Sheikh Kishk obtint son
diplôme du cycle secondaire d’Al-Azhar à la fin des années 50. Pendant
ses études au cycle secondaire, il était toujours le premier. A son
examen de passage de la troisième à la quatrième année du cycle, il
obtint un total de 100%. L’année du diplôme, il fut le premier de tous
les étudiants d’Al-Azhar avec un total de 98.5%. Il s’inscrivit à la
Faculté des Fondements de la Religion (Usûl Ad-Dîn). Dans son
autobiographie, Sheikh Kishk cite Sheikh `Abd Al-Halîm Mahmûd comme un
excellent modèle du professeur humble et au savoir profus.En 1962, une
fois de plus, et malgré la difficulté latente pour trouver un lecteur
pour l’aider, Sheikh `Abd Al-Hamîd fut le premier au classement pour le
diplôme de fin d’études d’Al-Azhar. Chaque année, les majors de
promotion étaient retenus pour enseigner à Al-Azhar. Mais l’année du
Sheikh fut une exception : personne ne fut retenu. On lui assigna la
mission de prédicateur dans une mosquée du Caire.Sheikh Kishk était un
prédicateur très actif. Il fit de la mosquée un véritable centre
d’éducation publique. Il dispensait, pratiquement tous les jours, des
cours d’exégèse du Coran et enseignait la vie du Prophète, la
jurisprudence et la théologie. Sa renommée était en constante
croissance. Il raconte que la première fois où il fit le sermon du
vendredi dans sa mosquée, l’audience n’était constituée que de deux
rangs. Très vite, les cafés, les rues et les commerces devenaient
déserts lorsque Sheikh Kishk donnait une leçon dans la mosquée, devant
une audience sans cesse croissante. Il fut transféré à une grande
mosquée du Caire, la Mosquée de `Ayn Al-Hayâh où sa renommée atteignit
des sommets.t. Il monta sur le minbar de cette mosquée du Caire pour
parler avec ardeur des conditions sociales en Egypte et pour dénoncer la
suppression du Mouvement Islamique. Ses sermons reflétaient à la fois
son approche spirituelle de la vie dans tous ses détails et sa lutte
contre les déviances et les injustices. Son franc-parler et son
honnêteté dérangeaient les hommes du pouvoir si bien qu'il fut
emprisonné en 1966 et torturé pendant deux ans. Des foules de 10 000
personnes venaient régulièrement écouter ses sermons du vendredi. Ses
sermons étaient tellement populaires qu'il a fallu agrandir la mosquée 3
fois pour acceuillir l'audience, au coeur embrasé, de Cheikh
Kishk.Sheikh Kishk était caractérisé par un style unique et saisissant
dans la prédication. Son éloquence, la force de sa voix, la beauté de
son style, la sincérité de ses propos ouvraient les cœurs de son
auditoire. A son écoute, les cœurs débordaient d’émotion.En 1965, un
émissaire du gouvernement lui demanda de déclarer publiquement que
Sayyid Qutb, un célèbre penseur islamique révolté contre le gouvernement
nassérien, était un apostat ! Sheikh Kishk, qui avait beaucoup de
respect pour la pensée du martyr Sayyid Qutb, fut emprisonné pour avoir
refusé l’ordre du gouvernement. A l’image de Sayyid Qutb, Sheikh Kishk
ne craignait que Dieu, et il dénonça haut et fort les abus du
gouvernement malgré les terribles tortures qu’il a subies en prison
pendant trois ans. Sa tristesse fut énorme quand il apprit, depuis sa
cellule de prison, l’exécution de Sayyid Qutb en 1966.Une fois libéré,
en 1968, Cheikh Kishk ne plia pas l'échine devant la pression du
gouvernement, au contraire, il resta l'homme à l'esprit critique et
plein d'énergie. Plusieurs emprisonnements et libérations vinrent
s'ajouter, et ce n'est que dix ans plus tard que la plus grande partie
de ses sermons et discours fut enregistrée sur cassettes audio et video.
Un érudit français3 nota :« Dans les dernières années de la présidence
d'Anouar el-Sadate, il était impossible de déambuler dans les rues du
Caire sans entendre la voix de stentor de Kishk. Si on montait dans un
taxi collectif, le conducteur écoutait un des sermons enregistrés par le
Cheik Kishk. On écoutait Kishk au Caire, à Casablanca et dans toute la
zone nord-africaine de Marseille. Un magazine financé par les saoudiens
l'avait surnommé l'`étoile des prêcheurs islamiques`... avec ses
incomparables cordes vocales, sa culture musulmane panoramique, ses
capacités phénoménales d'improvisation et son humour acerbe consacré à
la critique des régimes infidèles, les dictatures militaires, les
accords de Camp David avec Israël ou la complicité d'al-Azhar... Si
grande était sa renommée, que le Ministère du Waqf dut construire
plusieurs annexes à la mosquée pour accueillir les foules du vendredi.
En 1981, malgré tout, même ces abris se révélêrent insuffisants pour
accueillir les 10 000 personnes environ qui venaient régulièrement
l'écouter. »Au début des années 70, les nombreux disciples de Sheikh
Kishk commencèrent une tradition qui donna à la réputation du Sheikh une
dimension internationale. Toutes ses leçons et tous ses sermons du
vendredi étaient enregistrés sur cassettes. Ses cassettes étaient
parfois distribuées de façon irrégulière. Mais à la fin des années 70,
les cassettes de Sheikh Kishk étaient largement appréciées dans tout le
monde Musulman. Une grande partie de la communauté musulmane arabophone
veillait à se procurer ces cassettes, intitulées Madrasat Muhammad (A
L’Ecole de Muhammad).Sheikh Kishk avait l’habitude de s’impliquer, dans
ses sermons et ses leçons, dans tous les problèmes liés la société. Il
lutta contre toutes les formes de déviance, d’inconduite ou d’abus. Il
disait : « La chose que j’ai le plus haïe au monde, c’est l’injustice. »
Il combattait les injustices en élevant haut sa voix avec le cri de
vérité. Son comportement digne lui valut de nombreux déboires avec des
membres du gouvernement....Emprisonné en 1981 et 1982, sous la
présidence de Anwar As-Sâdât, il retrouva la liberté après l’assassinat
d’As-Sâdât , mais cette fois, il fut interdit de prédication et
consigné à résidence... Cela ne réduisit aucunement Cheikh Kishk au
silence. Jusqu'à sa mort en 1996, l'encre de sa plume ne sécha jamais:
ce savant éclairé écrivit plus de 115 livres et brochures, incluant une
interprétation du Coran (tafsîr). (une de ses livres, traitant des
Anges, fut traduit en anglais par Dar Al-Taqwa, à Londres.Il laissa de
nombreux autres ouvrages à la postérité avant que son âme ne réponde à
l’appel de son Seigneur en 1996, pendant qu’il était prosterné dans sa
prière. Que Dieu l’englobe dans sa Miséricorde et qu’Il le loge dans les
hautes demeures du Paradis.
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